« …Les préjugés barrent l’horizon, c’est encore l’immense province, la noblesse à quelques exceptions près n’entend rien à ce qui va venir, mais le bouillonnement sensuel et neuronal est là, l’intelligence fuse à travers les doigts et les souffles… » écrit Philippe Sollers dans son livre Mystérieux Mozart (Folio-Gallimard).

Les lignes s’effaceraient-elles à force d’être lues et relues, tant il est difficile voire impossible d’épuiser les interprétations d’un texte foisonnant, virevoltant, riche et intelligent. A l’image de la musique du génial compositeur : inépuisable. Ancré dans un XVIIIème aux résonnances intemporelles et universelles, un véritable bréviaire aux mises en perspectives jouissives. Un ouvrage au présent.

« Le discours des absents » : c’est ainsi que les anciens nommaient la correspondance nous relate Jean-Philippe Arrou-Vignod dans son livre du même nom chez Gallimard. « Lire les lettres, écrire les lettres : tel est le sujet de ce petit livre. Il s’agit d’amour et de séparation, de sentiments et d’artifices, de la distance et du murmure des choses mortes. Il s’agit de littérature sans doute » nous dit l’auteur et de renchérir : « C’est là la vie intime de la littérature que cette circulation amoureuse des livres, cette façon qui est la leur de se transmettre non tels qu’ils sont, mais habités par d’autres, avant que, peut-être, nous ne les habitions à notre tour pour quelque jeune homme ou jeune femme, notre enfant, qui plus tard se souviendra de nous en en tournant les pages pour la première fois. » Alors il faut avec modestie et sans voyeurisme se plonger dans « ces petites études » de Proust à Vermeer, sans oublier Diderot et jusqu’au courrier d’Orient. Une véritable fête des mots et de l’écriture.